A comme l’Antre de Vulcain

1659 - Duché de Luxembourg : Traité des Pyrénées, Thionville et Malmédy vont à la France après un long conflit. 
1684 - 1697 - Vauban construit la forteresse de Luxembourg, les expéditions guerrières se multiplient envers outre-Rhin. 
1697 - Traité de Rijswick - Le duché est restitué aux Habsbourg des Pays-Bas du Saint Empire Romain. 
1715 - Guerre de Succession d’Espagne, le duché revient aux Habsbourg d’Autriche.

L’antre de Vulcain, crépite des flammes des fourneaux chauffés à très haute température, le fer fondu avec art par Nicolas HABRANT s’écoule dans les creusets avec un savoir-faire ancestral et est ensuite transformé en barres. Ces brasiers alimentés par les bois environnants produisent une chaleur si intense, le travail y est rude, en cette période des années 1700 en des temps préindustriels où la maîtrise du feu et de l’eau indispensables à la fonte du minerai est si différente de celle de nos jours. La production de fer permet de fabriquer des objets usuels, mais aussi d’alimenter les armes indispensables en ces temps de guerres incessantes.

Depuis l’époque celtique, les forges au creux desquelles sont établies les gorges de feu voient s’échiner ces fondateurs de dynasties de gens du fer dont nous sommes les descendants.

L’abondance des cours d’eau, du bois des forêts et de la minette, ce minerai à fleur de terre favorise la réunion des conditions indispensables à la productivité des forges dans un large secteur entre Ardennes et Eiffel.

Forgeron est un métier que l’on se transmet de famille en famille. L’apprentissage sur le terrain est essentiel, rude, sévère, il ne laisse place à aucune des erreurs qui peuvent être fatales pour les hommes comme pour le matériau. Le danger est omniprésent. Une vigilance de tous instants permet de conduire les flammes, le bois est l’indispensable matériau permettant la réussite de la coulée. Il est l’enjeu de nombreuses convoitises. La métallurgie aussi.

Les personnages issus de mon arbre m’ont entraîné vers une recherche insensée au travers de différentes époques. Depuis des mois, ils sont observés scrupuleusement de façon à reconstituer leur trame de vie.

le couple Nicolas HABRANT et Françoise GRAVET

Cette rencontre de papier avec mes aïeux m’a permis de détecter inconsciemment une foule de détails qui ont fini par assembler un puzzle impressionnant par son ampleur. Et si je vous dis que je n’en avais jamais entendu parler, peut-être ne me croiriez-vous pas. Avant Nicolas, il y en eut d’autres personnages, dont on connaît l’existence et dont nous parlerons plus tard. Ils sont les fondateurs d’une dynastie de gens de fer.

HABRANT Nicolas* (~1698-1751) forgeron, spécialisé comme maître-affineur. Il est probablement né vers 1698 si on lui donne 25 ans lors de son mariage.

Le 18 octobre 1724, il épouse Françoise GRAVET* (~1696-1771) dans l’église de la paroisse Saint-Martin de Robelmont du Duché de Luxembourg. L’église est en mauvais état, le clocher et le chœur manquant d’entretien sont en ruine.

Registre M de Robelmont acte 10 année 1724 – archives de L’État à Arlon

Françoise et Nicolas sont nos ancêtres à la 12ème génération, ils auront 7 enfants au moins, dont le premier, François sera baptisé sur les fonts baptismaux de la même église, le 1 mai 1727. Son parrain est François MAHAN ancien maire et époux de la marraine, Anne DARGENT* sa grand-mère et la veuve de Thomas HABRAN *. C’est une des pièces de ce puzzle qui permet de relier les individus entre eux.

Nicolas décède le 30 avril 1751, dans la cinquantaine à Robelmont, pour une raison inconnue. Françoise vivra jusqu’à 75 ans et sera inhumée le 19 avril 1771 au cimetière paroissial près de l’ossuaire.

A Robelmont, il existait 4 forges dans le lieu-dit de Berchiwé, elles ont à ce jour disparus.

Nicolas transmettra son savoir-faire de la forge à ses fils :

  • Laurent * HABRANT (1728-1795), forgeron, affineur
  • Quintin HABRANT (1730-1778) qui devint lui aussi maître affineur
  • Henry HABRAN (1732-1799), forgeron
  • Jean-Baptiste DIDIER le vieux (1736-1794), son gendre, époux de sa fille Catherine, forgeron
  • Et ces petits-fils :
  • le fils de Laurent – Nicolas Joseph HABRANT l’aîné, qui fût forgeron affineur, maire et synodal de sa paroisse (1760-1725)
  • Ceux de Quintin – Jacques Joseph HABRAN dit gouttier (1766-1846) Nicolas HABRAN (1769-), forgeron
  • Le fils d’Henry – Jacques devint loueur de chevaux et parti pour Soissons.

Et les autres…dont les prénoms sont répétitifs, parrains et marraines donnent leurs prénoms aux filleuls, parfois, le premier fils prend le prénom du père, traditions fréquentes qui ne simplifient pas toujours les recherches. Soudain une foule de HABRAN m’entoure, je m’y attache mais ils sont une pelote dont les fils sont bien mélangés. Peu importe, j’ai la patience de reprendre tout et de trouver le début du fil, alors j’écris mes recherches, y reviens, tourne en rond pour finalement arriver à cette série qui est un hommage à ces gens de fer.

Nota : Tout au long de ce blog et sur Geneanet, les astérisques à côté des personnages correspondent à mes ascendants Sosa-Stradonitz. Si vous avez ces noms dans votre généalogie nous sommes très probablement cousins.

Je tiens à remercier ma nièce Mélody C.M. et J.P. HABRAN pour m’avoir communiqué cette pépite pleine de surprises sur laquelle, ils ont passés de nombreuses heures eux aussi. Voici une petite partie de mes recherches qui je l’espère vous plaira.

Généalogie : HABRAN, DIDIER

Suite du challenge AZ 2020 : B comme B…


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13 commentaires

  1. Une belle entrée en matière ! Nous voici plongés dans la vie de ces gens de fer. Malgré mes origines lorraines, je n’ai pour l’instant qu’un ancêtre forgeron qui a travaillé à Metz puis aux forces de Hayange. Malheureusement, ayant placé son enfant (mon aïeule) après le décès de son épouse, je n’ai pas retrouvé sa trace… Ça me donne envie de repartir à sa recherche !

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    1. En réalité, j’ignorais complètement cet aspect de nos ancêtres. J’ignorais même qu’il y avait des forges, c’est dire le silence qui a été créé autour du déclin de celles-ci. Et puis en rencontrant un puis deux puis trois et ainsi de suite, je me suis demandé comment c’était possible. Je sais maintenant que lorsque je vois un nouveau nom dans l’arbre, je regarde d’abord si son lieu de provenance indique aussi une forge.

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