Q – Qu’est-ce qui les a fait émigrer de France vers la Belgique ?

Trois cold cases et une enquêtrice

Dans cet article nous allons rendre visite aux « venus d’ailleurs » nos ancêtres migrateurs :

Comment allons-nous retrouver leur parcours ?

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Les archives sont-elles restées au même endroit ?

La Belgique actuelle a acquis son indépendance le 4 octobre 1830 et devient une monarchie constitutionnelle « Royaume de Belgique » en 1831. Ce n’est que le 19 avril 1839 que la partie luxembourgeoise est rattachée à ce jeune état après de nombreuses tractations. Cette appartenance à différents états aurait pu poser un problème pour les archives, en réalité il a été décidé qu’elles resteraient où elles se trouvaient, Il n’y a pas besoin de les chercher ailleurs.

Dans ce vaste continent européen en effervescence constante depuis des siècles, il n’y a pas que les frontières qui ont bougé à plusieurs reprises, les hommes aussi ont circulé.

Comment rechercher ces voyageurs alors que nous n’avons que deux ou trois d’indices ?

Pour partir en voyage et en profiter pleinement il faut quelques armes et bagages. La première arme est la patience et la deuxième est la ténacité. Les bagages sont : les bonnes adresses et tous les renseignements apportant une vue sur la vie de l’époque. L’endroit, le niveau de vie, les habitudes, les métiers et les guerres pour n’en citer que quelques-uns.

Des indices sont arrivés de manière imprévue lors de recherches

Les mariages de trois de mes Sosa ont indiqué qu’ils venaient d’ailleurs. Alors que mon arbre est sans doute à 96 % originaire du Duché de Luxembourg, tout à coup apparaissent en 1742, un Vendée du marais breton et en 1757 un Nivernais et un Limousin. Ils se marient et font souche créant une descendance dont je suis issue.

Pourquoi et Comment ?

Ce sont les bonnes questions, et je n’ai pas encore trouvé de réponse.

Comment procéder alors pour chercher ces fantômes ?

Pour ce faire, j’établis souvent des plans de batailles en utilisant trois outils : une Mindmap ou carte mentale, une inventaire horizontal et dans ce cas précis le contexte historique.

1. La Mindmap
   Vous pouvez la choisir en ligne ou en physique
2. La carte mentale physique ou tableau de Brainstorming, remue-méninges. C’est vrai , les feuilletons policiers anglophone ont influencé ce langage.
   Au mur de mon bureau, j’ai une grande plaque de plexiglass récupérée et elle me permet d’établir une carte de réflexion comme pour les enquêtes policières.

• En ligne j’utilise Lucidchart la version gratuite me suffit pour ce que je recherche. Dans cette application j’ai utilisé plus précisément la chaîne de stories.

C’est alors que la carte de réflexion est indispensable. Grand tableau, petits papiers et fils de laine permettrons de relier les événements et sans doute de mettre à jour des manques et des liens.

Cet outil ne suffit pas, il faut pour le remplir utiliser les informations collectées.

Pour cela, il faut relire les documents afin de vérifier si quelque chose ne nous aurait pas échappé et vérifier s’il n’existe aucune pièce annexe dans les registres. Dans ce cas précis, il n’y a rien, peut-être sont-elles aux Archives de l’État mais quand bien même, les lignes sont tellement succinctes qu’elles ne nous aideraient pas davantage.

Il faut alors partir à la recherche des actes de naissance sans connaître la date. C’est ce que j’ai fait pour Mathieu MARÉE le Vendéen, Jean BERGIER le Limousin et Louis ROBLAIN le Nivernais et je suis revenue bredouille.

• La vision horizontale sur papier
  J’ai créé une fiche individu avec leur noms : Objectif, tenter une approche différente.

Elles sont créées à la main ou avec votre logiciel de généalogie c’est au choix. Il y a quelques années, je suis allée au cas par cas, mais aujourd’hui, je vais les prendre tous les 3 ensembles. Ils sont liés et c’est très probable.

Ensuite, il faut remplir les fiches :

D’abord les éléments connus par les actes.

• Nom, prénom date et lieu de naissance en notant si l’acte est présent ou non.
• Mariage avec nom de l’épouse, date, lieu et nombre d’enfants
• Décès, date et lieu
• Les enfants, Nom, prénom, légitimité ou non, date, lieu de naissance, parrain et marraine
• Calcul de l’âge d’après les indices laissés dans les actes relevés.

Ensuite les fiches de récolte d’informations

• Recoupement des lieux de mariages : distances
• Recoupement avec un lieu de casernement proche

Et aussi, les recherches plus longues.

• Autres étrangers au Duché trouvés dans ces registres sur une période de 1742 à 1757.
• Autres enfants trouvés dans les registres à la suite de ces mariages ou unions non officielles.
• Trouver dans les actes de mariages, un acte d’officier précisant sa compagnie.
• Continuer de chercher les disparus sans laisser de trace, le couple MARÉE – BERGIER

Les fiches sont ci-dessous, elles sont perfectibles et elles sont à remplir au fur et à mesure. Je les découpe chacune avant de les poser sur le tableau.

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Enfin les actions à mener , apparaissent grâce à ces deux tableaux.

• Chercher les actes dans les registres des lieux de naissance en ayant une date très estimée.
• Écrire si nécessaire pour obtenir plus d’informations.
• Aller sur place, visionner les documents qui ne sont pas en ligne, sinon attendre qu’ils soient en ligne patiemment.
  
  
• Vérification de ma suspicion qui est presque une conviction, ils devaient être soldats
• Proximité d’un casernement militaire sédentaire ou temporaire.
• Essayer de retrouver les déplacements de troupes de l’Ancien Régime !
• Vérification des modes d’enrôlements de l’Ancien Régime. La durée de leurs contrats et leur autorisation de mariage. A la fin de leur contrats que deviennent-ils ?

Outils :

• Les registres BMS de l’Ancien Régime, ils ne sont pas encore tous numérisés.
• Les registres des soldats de l’Ancien Régime sont maintenant en ligne. La recherche est ardue, car ils peuvent avoir changés de compagnie et il faudrait également la compagnie de départ.

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Voici les résultats obtenus jusqu’à présent :

Inventaire horizontal :

Mathei MARÉE (peut-être son nom réel ou pas)

• Vendée, Saint-Maixent-sur Vie, Bas-Poitou, en plein marais breton, naissance date inconnue et registres perdus,
  1741, il se trouve dans le Duché de Luxembourg, Bernimont (village de Léglise)
• 14.01.1741, Bernimont il a une enfant illégitime avec Nicolae HUSTIN, mais baptisée, sa fille est Joanna Maria, future épouse de Jean BERGIER. Elle porte bien le nom de son père et je n’ai pas trouver de trace de légitimation.
• 28.08.1742, Bernimont, il se marie avec Nicolae HUSTIN, 19 mois après la naissance de Joanna Maria. (Cet acte donne l’indice de sa naissance en Bas-Poitou), ils restent à Bernimont et auront des enfants.
• 1742.10.23 naît Franciscus, il disparaît ensuite de Bernimont.
• 1745.09.28 naît Nicolae, elle disparaît ensuite de Bernimont.
• ? décès lieu, date inconnus pour lui et son épouse
  

La naissance en Vendée est introuvable le site est riche en informations, je pense avoir cherché partout, j’ai écrit et attends une réponse. Mais, nous connaissons tous les événements qui prirent place un siècle plus tard et toutes les destructions qui ont suivis.

Nicolae HUSTIN a une particularité, on ne sait RIEN d’elle, ni naissance, ni décès. D’où vient-elle et où sont-ils partis ? Et bien peut-être cette nouvelle piste nous l’indiquera t-elle !

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Jean BERGIER (peut-être son nom réel ou pas),

• Limousin, La Chapelle Blanche de Saint-Victurnien, Haut-Poitou, naissance introuvable aux AD de Limoges mais tout n’est pas numérisé. il faut se rendre au archives. J’y suis allée et je n’ai trouvé aucun BERGIER ou BEGER dans ces lieux. J’ai commencé ma recherche en 1736, supposant qu’il allait avoir 20 ans au plus jeune de son mariage.
• 1757, il se trouve dans le Duché de Luxembourg, Bernimont (village de Léglise)
• 11 mai 1757, il épouse Joanna Maria MARÉE, 16 ans, fille du premier, Mathei MARÉE
• N ? une fille, Jeanne BERGIER, c’est une inconnue citée au hasard des registres.
• 1757.08.09 Jacques BERGIER, il se marie à Bernimont et vivra à Cousteumont, 13 kilomètres plus loin, il aura 7 enfants.
• 1792 Il se remarie avec Elisabeth PIERSON veuve à Anlier.
• 1797.05.14, Bernimont, décès à 60 ans précisé dans l’acte. Il est pâtre. Il aurait donc eu 20 ans et elle 16 ans lors de son mariage.

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Louis ROBLAIN,

• Varzy, Nièvre, Bourgogne, naissance inconnue, les registres de cette période sont manquant aux AD 58.
• 1757, il se trouve dans le Duché de Luxembourg, Léglise
• 1757 02.10, Léglise, Duché de Luxembourg, il épouse Anne Jeanne MARTIN N inconnue
• Ils auront 6 enfants
• 1757.07.08, Rancimont, Claude garçon né 5 mois après le mariage.
• 1759.01.03, Rancimont, Margueritte
• 1762.03.14, Rancimont,  Henri Ludovic
• 1764.09.14, Rancimont,  Nicolas
• 1768.08.28, Rancimont, Jean Michel * mon sosa, fera souche au même endroit
• 1771.02.17, Rancimont, Jean Henri
• 1793.05.11, Bernimont, décès de Louis ROBLAIN dans le Duché de Luxembourg envahi par les troupes.

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Le casernement militaire à Neufchâteau

Neufchâteau, la ville principale dont font partie environ une vingtaine de village, a été une ville de garnison, ce sont les registres qui nous l’apprennent. Le Luxembourg a toujours été chahuté par le passage des soldats de toutes les époques, voie de circulation vers l’Allemagne, l’Italie et l’Empire Ottoman entre autres. Quelques soldats sont restés sur le bord du chemin.

Lors de la recherche d’actes pour des individus dans les registres, particulièrement dans les zones de casernement militaires, temporaires ou sédentaires, on trouve des actes de mariages et bien sûr de naissances par la suite.

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La poursuite des recherches et les projets avec quels outils :

Les livres et internet me permettent d’apprendre le mode de fonctionnement des militaires de l’Ancien Régime, il est assez compliqué, les régiments étaient levés par des capitaines et contenaient autant d’hommes que le portemonnaie du dit capitaine permettait d’équiper et de nourrir très frugalement. La nourriture étant souvent fournies par les habitants.

Les registres militaires de l’Ancien Régime ont été mis en ligne, mais il est très compliqué de naviguer dedans quand on ne connait pas le nom du régiment, le dépouillement par bénévoles à commencer et ne concerne pas ces deux départements. D’autres sont en projets. Il faut la loupe, la pioche et la lampe de mineur.

• J’essaye d’établir un tableau des régiments de hussards et de dragons ayant été casernés à Neufchâteau, au fil du registre, on découvre, nombres de naissances, de mariages et parfois de décès, peut-être un jour trouverais-je une nouvelle piste.
• Les affaires judiciaires sont une autre piste, peut-être y trouverais-je quelques indices, en espérant qu’ils aient eu maille à partir avec la Haute cour de Justice d’Assenois, bien que s’ils étaient militaires, ils ne devaient sans pas être jugés par une cour civile. Je ne connais pas le fonctionnement de la justice militaire de cette époque. Je le note dans à découvrir.

Comme il est étrange pour moi de rester sur ma faim, je ne désespère pas, chaque jour de nouveaux documents sont mis en ligne, il faut certainement laisser du temps au temps mais aussi mettre d’autres stratégies en place.

JE ne renonce pas car cette stratégie m’a permis déjà de m’apercevoir des manques et des erreurs. Il faut cogiter encore et encore.

Je vous réserve un prochain article sur cette stratégie après le Challenge AZ.  

Merci de m’avoir lue jusqu’au bout, en espérant que vous trouverez-vous aussi de nouvelles stratégies de recherches.

Nous nous retrouvons demain pour la lettre R comme Rail et chemin de fer belge