Dans cet article nous allons retracer un parcours et les archives qui permettent de retrouver l’itinéraire d’un prêtre, mais aussi vos actes de baptême ou de communion.
Quelques fois, j’ai l’impression d’avoir des appels du pied de la part des personnages de mon arbre, comme s’ils souhaitaient que je les mette en valeur. C’est amusant et j’ai remarqué que cela se produisait vers leur date d’anniversaire. Bien sûr, cela n’a rien de surnaturel, il est connu que les milliards de neurones de notre cerveau font les connexions bien plus rapidement que nous le réalisons. C’est ainsi que les informations concernant Lucien LIBERT, prêtre sont venues éclore et se lier pour le sortir de l’ombre.
L’abbé Lucien était mon grand-oncle, je ne l’ai pas connu, il est décédé en 1906 et pourtant j’en ai entendu parler, lorsque nous allions au cimetière, nous nettoyons et fleurissions sa tombe. Pour moi, il était prêtre et c’est tout, j’aurais été incapable de tracer sa biographie avant ce jour. Il est vrai qu’au même endroit se trouve un autre prêtre et puis d’autres parmi les villages du Luxembourg. Dans mon esprit, ils se mélangent tous un peu, jeunes même profil, leur robe noire uniforme flotte au vent et sont entouré du silence respectueux des anciens. Une pierre tombale ne raconte pas une vie.
Vous pouvez suivre ce petit reportage en vidéo sur YouTube.
Des événements ont été révélateurs pour commencer cette recherche. Le premier a eu lieu en août 2022, j’avais vu passer cet article de presse dans l’Avenir du Luxembourg sur Facebook. Des jeunes ont nettoyé les tombes.
J’avais trouvé l’initiative intéressante, mais n’ayant pas accès complet à l’article je ne me suis pas informée davantage. Je me demande souvent que deviennent les tombes, je suis la seule à m’en occuper et je suis si loin maintenant.
Et puis dernièrement, disposant de plus de temps, j’ai effectué la recherche du site en ligne concernant le cimetière de Virton et à ma grande surprise j’ai trouvé ceci : – Les sépultures d’importance historique de la Ville de Virton
De quoi s’agit-il ?
À l’initiative du Parlement Wallon décret du 6 mars 2009 relatif aux funérailles et sépultures prévoit qu’un inventaire des sépultures d’importance historique locale soit dressé pour tous les cimetières wallons. Voici le lien vers le texte de la circulaire pdf envoyée par la DGO4 Direction de l’urbanisme et de l’architecture, Cellule de gestion du patrimoine funéraire.
Ce décret avait plutôt été mis de côté, mais un rappel à la loi fut renvoyé aux communes et c’est ainsi que certaines d’entre-elles se mirent à l’appliquer.
Si vous chercher une tombe avec ou sans valeur particulière, faites d’abord une recherche parmi le projet collaboratif « Sauvons nos tombes » sur Geneanet qui concerne toutes les tombes.
Revenons à nos moutons :
inventaire des sépultures d’importance historique locale Virton à cette adresse
Arrivée sur la page d’accueil le site du cimetière de la ville, je me suis prise au jeu, connaissant bien ce cimetière, j’ai fait défiler les 118 tombes qui sont classées par ordre alphabétique. Pour finalement découvrir la tombe familiale avec le nom de LIBERT Lucien (1851-1906) prêtre. Malheureusement la pierre tombale est cassée, ce que j’ignorai, j’habite à 700 kms et ne vais pas tous les ans au pays.
J’ai pensé : c’est tout ce qu’il y a de son histoire ! Comme si, la tombe allait parler et me révéler de nouvelles informations. Comme je vous l’ai dit, j’ai beaucoup entendu parler de ce prêtre mais brièvement, je ne connais pas vraiment son histoire. Nos anciens avaient vécus deux guerres et souvent le chagrin, la tristesse étaient relégués dans un silence de plomb afin de ne pas blesser les petits.
Ayant fait cette découverte, j’ai recherché Lucien dans ma base de données généalogiques, je savais qu’il avait été curé à Vellereux, Luxembourg, B.
Quand, où et comment, par qui était-il dans mon arbre, il fallait clarifier tout cela!
Il me fallait aussi collecter des informations : ses parents, ses frères et sœurs, ses actes de naissance et de décès, la date ou l’acte d’ordination et tout ce que je pouvais encore découvrir. Je me rappelais un faire-part, des photos et des cartes postales anciennes placés dans une boîte et les cherchaient rapidement.
En quelques fouilles j’obtenais bien plus car sur le faire-part était inscrit son parcours de professeur au Collège Saint-Joseph, ses photos et cartes postales, les photos de sa tombe et la plaque offerte par les paroissiens de Vellereux.
Je savais déjà :
Ses parents, François LIBERT et Marie Léontine GOFFINET, sont mes arrière-grands-parents. Ils ont eu 7 enfants en 13 ans : Maria en 1864, François Adolphe en 1865, Englebert en 1867, Lucien Jean Baptiste en 1871, décédé à 11 mois, Jean François « Lucien » en 1871 (Abbé), François Edouard * en 1874 qui sera mon arrière-grand-père et Marie Lucie en 1877, qui restera « Mademoiselle » et dont en faisant les fouilles attentives, je lirais de nouveaux indices. Ils descendent d’une longue lignée de GOFFINET seigneur de Vance.
Genealogie.arch.be me permis de trouver très vite ses actes de naissance et de décès. J’y apprends qu’il est décédé chez lui au presbytère, son frère François est témoin.
En 2014, lors de mon voyage généalogique, j’ai eu la bonne inspiration de photographier la sépulture familiale avec une prise en gros plan de la transcription du texte de la plaque en marbre blanc offerte par les paroissiens.
Transcription de la gravure sur la pierre tombale.
Souvenir des paroissiens de Vellereux & Bonnerue
A leur cher regretté Curé M L’Abbé Lucien LIBERT
Décédé le 18 juin 1906 dans sa 35è Année RIP
Ensuite, j’ai eu envie de mettre sur sa fiche, la photo de l’église où il a officié pendant sa vie de curé. Pour se faire, le site égliseinfo.be est le bienvenu. Ce site collecte le patrimoine architectural religieux en donnant les dates, matériaux et auteur des constructions.
Mode d’emploi du site
Cliquez sur Rechercher dans l’onglet église/lieu de culte et à gauche s’affichera l’icône de l’église recherchée. En cliquant dessus vous trouverez les explications, le secteur, le diocèse dont dépend l’église et une présentation de celle-ci avec des données architecturales.
L’Abbé Lucien a officié dans cette église St Blaise et vécut dans son presbytère. Il y est mort, en présence de son frère François mon arrière-grand-père. (Source : acte de Décès).
Pour obtenir plus d’informations :
Lorsque vous cliquez sur diocèse de Namur, vous êtes envoyé vers une page où vous trouvez le contact correspondant.
J’ai aussitôt écrit au diocèse, il m’a été répondu en me renvoyant vers le Doyen de Virton, responsable des archives paroissiales.
« Nous vous suggérons de vous adresser d’abord à la paroisse de Virton qui pourra peut-être vous aider, et plus précisément au doyen.
Dans un second temps, si ce contact devait ne pas être suffisant, merci de vous adresser au service des archives de l’évêché : archives.namur@belgacom.net.
Bien cordialement,
Le secrétariat de l’évêché de Namur »
J’ai donc contacté le Doyen qui devrait me recontacter bientôt.
Sur le site de ce Diocèse de Namur, couvrant la province de Namur et du Luxembourg.
Il est également mentionné : Vous pouvez entrer en contact avec l’archiviste, Chanoine Daniel Meynen, en envoyant un courrier postal à l’adresse du bureau des archives ou bien en envoyant un courrier électronique à l’adresse suivante :
archives.namur@belgacom.net
Pour les archives du diocèse, vous trouverez des inventaires en ligne dont le
Fonds Jean Schmitz
Le Fonds Jean Schmitz fait partie du Fonds de l’Évêché de Namur, sous l’appellation Fonds divers. Ce fonds rassemble principalement les documents réunis par le Chanoine Jean Servais Schmitz pendant et après le Première Guerre mondiale. Dans l’entre-deux-guerres, le Chanoine Schmitz, aidé par les curés des paroisses du diocèse, a réuni plusieurs milliers de fiches sur les prêtres et sur les paroisses du diocèse et constitué ce qu’on a appelé depuis le Fichier Schmitz (voir la référence N. 168-169 de la section N du Fonds de l’Évêché de Namur).
J’ai d’emblée, noté quelques noms qui devraient être liés à mes ancêtres et ouvriront de nouvelles recherches.
J’avais la conviction de posséder un faire-part de décès de l’Abbé Lucien LIBERT, la lecture de celui-ci me fit chaud au cœur d’un bonheur tout généalogique.
Les faire-part, tradition perdue, sont souvent une mine d’information, petits papiers, ils nous donnent des éléments permettant de mieux cibler les recherches.
Transcription du faire-part de décès.
Souvenez-vous de vos pasteurs qui vous ont enseigné la parole de Dieu et im…. leur foi.
image d’un crucifix noir
PRIEZ POUR LE REPOS DE L’AME de
Monsieur l’Abbé Lucien LIBERT
Né à Virton le 13 octobre 1871 ;
Nommé professeur au Collège St-Joseph de Virton en octobre 1893 ;
Ordonné prêtre le 15 août 1894 ;
Nommé curé à Vellereux le 1 octobre 1901, où il est décédé le 18 juin 1906, muni des secours de la Religion.
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Intelligence d’élite, caractère aimable et enjoué, cœur sensible et généreux, âme naturellement portée vers le Bien et le Beau, tel fut le regretté défunt.
A Virton, il sut conquérir la sympathie de ses collègues, le respect et l’estime de ses élèves, à Vellereux l’affection de ses paroissiens, surtout leur admiration pour ce prêtre, qui, jeune encore, vit venir la mort d’un œil calme et tranquille parfaitement résigné à la volonté de ce Dieu dont il fut le digne ministre, et qu’il eut le bonheur de recevoir souvent pendant sa maladie.
Frères et sœurs bien-aimés, amis, qui, dans les derniers temps, m’avez prodigué tant de marques de dévouement, paroissiens auxquels j’étais si attaché, et pour le salut desquels j’ai sacrifié ma santé, souvenez-vous de moi dans vos prières et au saint sacrifice de la messe.
Miséricordieux Jésus, donnez-lui le repos éternel.
Ind. De 7 ans et 7 quar.
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Imp.Aug.Jacqmin, Bastogne
Trois nouveaux indices sont révélés dans ce faire-part.
– Nommé professeur au Collège St-Joseph de Virton en octobre 1893
– Ordonné prêtre le 15 août 1894
– Nommé curé à Vellereux
Le collège Saint Joseph était une grande institution à Virton, fondé à une époque où la vie agricole dominait dans le Luxembourg appauvri après la grande période prospère des forges. En 1885 Un groupe d’hommes, Monseigneur Belin, évêque de Namur, les chanoines Lesquoy et Henry et l’abbé Smal décident d’impulser la création d’un nouvel établissement. Fondé par le chanoine Emile Crousse, bâtisseur infatigable, il se veut une réaction de l’enseignement libre aux lois des guerre scolaire de 1879.
Lorsque les cours commencent à la fin octobre 1885 (6 mois après le début des travaux), l’intérieur des bâtiments n’est pas encore achevé. On entend marteler et scier de tous côtés. Toutes les portes ne sont pas placées. Les planchers du second étage ne sont pas terminés. Mais l’histoire du collège est en marche …
Le chanoine Crousse, premier directeur de l’établissement (1885 -1913), sait allier la rigueur de la gestion à l’audace et à la vision de l’avenir, si bien que l’année suivante (en 1887 donc), une annexe est construite, accolée au bâtiment principal, pour accueillir l’école de formation à l’agriculture et à l’horticulture. Il impulsera également la création de l’Ecole des filles de l’Immaculée Conception et l’Ecole de Pierrard par les Aumônier du travail qui formera quantité d’ingénieurs. »
La réputation de cet enseignement était énorme, les étudiants venaient de tous les coins du pays, de France ou Luxembourg, les chasseurs de tête venaient piochés dans cette jeunesse bien formée. Il y avait donc des pensionnats et la population de Virton doublait pendant la période scolaire.
C’est là que nous retrouvons Lucien qui fût d’abord étudiant puis professeur sans avoir plus de précisions.
Voici une photo de la période où il fut étudiant, puis professeur. Il est fort probable qu’il soit présent sur la photo, mais où ? Cette photo ancienne date de 1898-1899 nous y voyons des professeurs, dont certains sont jeunes. Lucien avait été nommé professeur en 1893 et prêtre en 1894, Il avait 22 ans.. Etait-il sur cette photo ou déjà envoyé à Vellereux ? Il me reste à le découvrir.
En conclusion :
Voici le parcours que je vous propose pour trouver la trace de vos ancêtres religieux. Certes il n’est pas direct, mais c’est très enrichissant.
Je me suis attaché à ce jeune prêtre qui semblait plein d’énergie et de bonté et mourut âgé de 34 ans en sacrifiant sa santé.
« Frères et sœurs bien-aimés, amis, qui, dans les derniers temps, m’avez prodigué tant de marques de dévouement, paroissiens auxquels j’étais si attaché, et pour le salut desquels j’ai sacrifié ma santé… » (Source : faire-part de décès, collection Brigitte Guebels)
Quelle maladie a t’il attrapé qui l’a couché ainsi, Vellereux est dans les Ardennes, où il fait plutôt froid en hiver surtout quand le vent souffle du Nord. Les antibiotiques n’existaient pas à l’époque. Il me reste à chercher la météo de cet hiver et les maladies possibles.
Tout cela parti d’une tombe dans le cimetière, il faut reconnaître que la généalogie avec internet n’a plus rien à voir avec celle d’il y a 10 ans. J’ai encore une liste de petites recherches à effectuer pour compléter sa biographie.
J’espère que cette histoire et ce tuto vous ont plu. Je vous souhaite d’excellentes recherches et à bientôt.
Nous nous retrouvons demain pour la lettre Q comme Que sont-ils de
A toutes branches 
Une belle enquête pour mettre à l’honneur ce collatéral parti si jeune. On s’attache tellement à eux quand on les a pisté dans toutes les archives possibles 😊
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