Marie Barbe QUALIN est sage-femme, à la fin du 18e siècle
En dehors du mariage et de la naissance la place des femmes sous l’Ancien Régime est à la maison. Leur profession apparaît rarement au fil des registres en dehors de la sage-femme qui met au monde les enfants de la paroisse sans l’aide du médecin encore absent à ce monde d’enfantement. Les sages-femmes nommées dans les registres apprennent leur art de génération en génération ou sur le tas pour les matrones des campagnes.
Cet art demande savoir-faire et patience, humanité et connaissance. L’entrée dans la sphère très privée des femmes leur est réservée. La grossesse, l’accouchement et le retour de couches se passent dans un monde où les hommes sont exclus. Les femmes se racontent entre-elles à voie basse, leur vécu de grossesse et d’enfantement, la frayeur entoure les futures mamans au passage de la vie. Au creux des alcôves, se tiennent les terreurs et les douleurs des mères.
En ces temps-là, l’hygiène était illusoire, les matrones furent décriées longtemps, certaines arrivaient des champs les mains aux ongles plein de terre et leur ignorance tuait les accouchées et les petits par contamination. Il fallut attendre le 19e siècle et les travaux du Dr Ignace Philippe SEMMELWEIS (1818-1865) obstétricien hongrois pour prendre conscience de l’importance de l’hygiène des mains.
Il arrivait qu’un travail devienne extrêmement pénible et que l’enfant mal placé soit en souffrance. Leur méconnaissance du travail provoquait parfois des dégâts considérables, enfants mutilés qu’elles avaient vainement tenter d’extirper du ventre maternel, placenta arraché, laissant la mère exsangue.
Les naissances multiples étaient un vrai problème, les femmes enceintes, ignoraient à l’époque combien d’enfants elles portaient, l’auscultation par la sage-femme ne donnait pas forcément le bruit des 2 cœurs distincts. La vie de jumeaux ou triplés était pratiquement compromise en dehors du fait que les petits naissent prématurément, le travail long devenu pénible et les gestes inappropriés les condamnaient. La vie de ces nouveau-nés était largement difficile et même lors de leur passage vers notre monde, un péril sans nom les attendait.
Un autre danger qui guettait les jeunes accouchée était la suite de couches. Elles restaient traditionnellement allongées de huit jours à un mois dans leur chambre et dans leur lit, changé par la maisonnée, couchées avec le ventre bandé d’une large ceinture de drap tournée plusieurs fois autour d’elles, le risque majeur de cette immobilisation prolongée était la thrombose. Être mère, reste lié au miracle de la naissance lorsque tout se passe bien.
Les sages-femmes jurées auprès du diocèse, avaient le droit d’ondoyer les enfants. L’ondoiement consiste en un baptême provisoire pratiqué, car la mère ou l’enfant ou les deux sont en grand danger de mourir. Le prêtre note cet acte dans les registres. Un petit être n’ayant pas reçu le baptême est couvert de la faute originelle lors de sa naissance et se voit donc refuser l’accès au paradis. Il existe au cimetière des places spéciales pour ces petits. Le baptême d’un enfant se prévoit donc aussitôt sa naissance, car non seulement la frayeur de l’enfantement et de ses suites pèse sur les femmes, mais vient s’ajouter à elle, la terreur de mourir en enfer.
A Robelmont, les registres nous font découvrir le nom de quatre femmes au fil des actes de sépultures des petits.
Catherine BELLE, sage-femme en 1718
Le 1 octobre 1718, on découvre sa profession dans l’acte de naissance de son premier enfant Nicolas fils de son mari Nicolas HABRAN, ainsi que sur son acte de décès le 9 août 1733.
BELLE Catherine – Registre BMS de Robelmont S 1733- acte 44 Archives d’État à Arlon
Marie SOSSON sage-femme en 1777
Quelque fois le curé pris le temps de signaler sa présence, comme ici lors la naissance et du décès du fils GUILLAUME dont on ne se donna pas la peine d’ assigner un prénom. Il fût baptisé “sous condition”.
GUILLAUME N -Registre BMS de Robelmont S 1777- acte 260 archives d’État à Arlon
Transcription : L’an 1777 le 3e May a été baptisé par Marie SOSSON sage-femme, un enfant sous condition et le même est décédé et enterré au cimetière de Robelmont lequel était né de Dominique GUILLAUME et de Marie Thérèse LALLOUETTE. Laus Dio H COLLET curé de Robelmont.
La vie et la mort des nouveau-nés inscrites dans le registre de sépulture
SOSSET Marie Vve de BINZE Mathias – Registre BMS de Robelmont S 1785- acte 308 archives d’État à Arlon
Lorsque la sage-femme Marie SOSSET (SOSSON) veuve de Mathias BINZE décéda le 11 avril 1785, une matrone la remplaça, dont on ne connaît pas le nom, le prêtre en signale sa présence dans cet acte de décès et de naissance.
NOISET N – Registre BMS de Robelmont S 1788 – acte 331 archives d’État à Arlon
Transcription : Le mardy Seize du moi de septembre 1788 a été inhumé par moy soussigné, un enfant né le jour d’hier et mort après avoir reçu le Baptême par le ministère de la matronne jurée de cette paroisse en présence et assistance de Marc NOIZET et de Marie Catherine JACQUEMIN ses pères et mères…
Elisabeth TAILFER sage-femme de Virton remplace Marie SOSSON
Marie Barbe QUALIN, sage-femme en 1780
Par la suite ou peut-être était-ce déjà elle, c’est à Marie Barbe QUALIN que revint la tâche de faire naître les enfants. La paroisse de Robelmont dépend de Longuyon diocèse de Trèves de qui elle reçu l’autorisation d’ondoyer.
De Marie, nous ne connaissons ni sa date, ni son lieu de naissance. Son acte de mariage révèle qu’elle épouse Jacob dit tabas HABRANT en 1771, forgeron comme ses frères, il est le 3ème fils de Thomas 3 et donc le frère de mon aïeul Louis. De 1772 à 1789, ils eurent 10 enfants dont des jumeaux en 1778.
Dans les années 1790, il y eut 18 morts à la naissance à Robelmont dont des jumeaux en 1791 et 1798, seuls 3 enfants furent ondoyés, les autres moururent dans l’innocence baptismale. Sans doute, Marie fut-elle présente pour d’autres mais elle n’est pas signalée, il y aussi un fait avéré, les femmes accouchaient entre elles.

NOISET Michel – Registre BMS de Robelmont S 1793 – acte 389 archives d’État à Arlon
L’incompétence des matrones, pas formées et accouchant dans des conditions parfois proches de la torture, provoquaient tant de morts et de mutilations que certaines femmes se liguèrent pour lutter contre cette ignorance crasse.
Le création du titre de sage-femme revient à Madame Angélique Marguerite Le Boursier du COUDRAY. (1712-1794) qui fut sage-femme à la cour de Louis XV. Elle est la première à enseigner devant public, « l’art des accouchements » en inventant une poupée grande nature qui permet d’éduquer les futures sages-femmes pour remplacer les matrones. C’est ce portrait que j’ai choisi pour illustrer la fiche des sages-femmes de mon arbre, dans mon logiciel Heredis.
Portrait d’Angélique Marguerite Le Boursier du Coudray (1712-1789), Madame du Coudray. Aloïs Delacoux, Biographie des sages-femmes célèbres, anciennes, modernes et contemporaines (Paris: Trinquart, 1834)
Lors de ce challenge AZ 2020, effet du hasard, le blog : Ils étaient une fois, commence par la lettre A comme …Accouchement, A comme …Avertin.
Vous pourrez y voir une image de la fameuse poupée en tissu qui permettait aux femmes de découvrir l’accouchement sur la place publique. L’article nous donne aussi les Saint à invoquer et les préparations d’un autre temps que je ne vous conseille pas d’essayer.
Généalogie: QUALIN
La suite du challenge AZ avec la lettre R comme Rel…
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