« C’est par l’adresse que vaut le bûcheron, bien plus que par la force. » Homère dans L’Iliade

Le minerai

Ainsi durant 300 ans, la minette, minerai à fleur de sol, offrit la prospérité à plus de 150 usines de fer dans toute la région luxembourgeoise. Il était exploité dans des minières par tranchées, puits ou galeries à ciel ouvert et l’évacuation des eaux se faisaient à l’aide de treuils et de seaux remplis à la main ou à l’écope. Les mines de Athus, Aumetz, Buré, Differdange, Grandcourt, Halanzy, Hayange, Hunsrück, Pétange, Ruette, Saint-Pancré, Sesselich, Toernich, Vance en Duché de Luxembourg produisaient la plupart du fer tendre et du fer fort.

Sur les hauteurs boisés se trouvait le fer fort qui se travaillait plus facilement et pouvait servir à la fabrication des armes. On en trouvait à Aumetz, Saint-Pancré et Buré, Differdange et Ruette.

Les minières les plus importantes et les plus nombreuses produisait le fer tendre et cassant que l’on trouvait à Athus, Halanzy, dans le Hunsbrück, Pétange, Reckingen, Sapogne, et les côtes de Meuse. A Hayange et vers la Sarre, il y avait une gamme très étendue de variétés à qualités moyennes, dit fer métis qui demandait des mélanges savants.

La détermination des lits de fusion dans les différents fourneaux était la tâche essentielle des maîtres de forges.

carte créée grâce à google my maps

Les meilleurs gisements étaient jalousement couvés et protégés à outrance par les législations douanières. Saint-Pancré fût de tout temps réservé aux maîtres de forges français. Hayange, cependant dû défendre sa position privilégiée, ses établissements dépourvus de bois, durent s’approvisionner dans la Sarre et en Lorraine. Les minières de Vance (pays Gaumais) appartenaient aux seigneurs bas-justiciers et furent rapidement épuisées en raison de la proximité de six usines.

Les bois et les forêts

Les immenses étendues forestières de l’Ardennes et de l’Eiffel, fournissaient le charbon de bois, essentiel à la bonne marche des forges. Vers le XVIIème siècle, un Haut-fourneau consommait environ 26.000 stères de bois par an. Une forge et une fenderie avaient les mêmes exigences. Un stère de bois correspond à 1m3 de bois coupé en 1 m de longueur. Dans cette immense région, les industries dépassaient les 500 forges et la nécessité de les approvisionner en combustible finit par entraîner la ruine des forêts dont la gestion était une question d’une importance capitale pour la bonne marche des usines. Pour vous donner un ordre d’idée, la consommation de bois pour le chauffage de la maison est de 18 à 20 stères par an.

La taille du bois est un art

Bûcheron tu seras et ton fils aussi, pour ce métier la transmission de la pratique est indispensable. Il s’agit d’une histoire de famille. Rude, nécessitant une force peu ordinaire, la coupe des bois se fait à la main…. Leur milieu de vie est Robelmont regorgeant de bois et de forêts environnantes. Ils sont tous liés aux forgerons et aux charbonniers, par les mariages, les cousinages. Si bien que nombre d’entre eux sont nos ascendants.

La fabrication du charbon de bois est un autre art

Les forges de cette époque tournent grâce au charbon de bois et sa fabrication est laissée à la pratique du maître-charbonnier, la maîtrise du feu est dure, pénible et dangereuse.

“Le bois était charbonné en vase clos dans des meules établies au cœur des clairières, l’opération qui portait chaque fois sur une centaine de stères, était lente, aléatoire et dangereuse. Elle pouvait provoquer des incendies, mais les fumées provoquaient bien plus de dégâts, en asphyxiant les arbres voisins et en grillant, à la longue, leurs feuillages. Aussi, les charbonniers, revenaient périodiquement aux mêmes endroits, sur des place de faulde que l’on reconnaît encore, après des siècles, à la teinte brune de leur terreau calciné”. Marcel BOURGUIGNON

En règle générale, dans les pays de langue française, les forêts étaient des propriété domaniales tandis qu’à l’Est, dans les cantons de langue allemande, elles dépendaient des seigneuries ou des grands monastères. Partout, les habitants jouissaient de droits d’usage plus ou moins étendus, qu’il fallut restreindre avec le temps pour assurer la bonne marche des usines et qui ont pourtant subsisté jusqu’à nos jours. Les droits d’usage ont toujours été une question très importante mainte fois débattue par les propriétaires des usines et les communautés.

À Robelmont, il n’y a pas de mineurs dans les registres, nous trouvons en revanche, tous les gens du bois : Bûcherons, charbonniers qui ont souvent des parents censiers et fermiers.

Nous rencontrons des familles de bûcherons et charbonniers.

création Brigitte GUEBELS sur Lucidchart.com

Les 3 frères FLAMION sont bûcherons et charbonniers, l’aîné Henry (1732-1783) est dresseur de bois, Jean Joseph (1742-1807) est maitre charbonnier et le troisième, Jean François (1744-1783) est dresseur de corde.

Marie Joseph FLAMION, fille d’Henry épousera Jean Baptiste GUBEL (1756-) bûcheron lui aussi et leur fille Marie Joseph GUBEL épousera Nicolas Joseph LOREAUX (1782-1847) dresseur de bois.

Les deux frères GRAVET dont Henry (1743-1809) est dresseur de bois et Jean (1740-1782) est charbonnier, ils sont les descendants de Jean GRAVET censier d’Harpigny.

Nicolas HABRAN (1721-1782) fils de Louis 1 le jeune est le seul HABRAN qui ne soit pas forgeron, il était charbonnier.

Les 3 frères LALLOUETTE, l’aîné Jean (1735-1788) est maître charbonnier et ses frères Mathias (1744-1803), mon ancêtre dont les enfants iront à la terre et Nicolas (1749-1797) sont charbonniers.

Nicolas aura deux fils qui prendront la suite, Laurent (1774-1865) qui est maître charbonnier et Nicolas Joseph (1783-1861) qui est charbonnier.

Laurent aura un fils qui prendra la suite, Jean Joseph (1809-1874) avec les trois fils de Nicolas Joseph ses cousins Mathias Renaud (1803-1850), Hubert (1809-1869) et Jacques Joseph (1815-1877), ils seront les derniers charbonniers de Robelmont

Une exception féminine, Marie Catherine WATHELET née le 14 novembre 1754 est notée charbonnière, elle est l’épouse de Nicolas et la mère de Laurent et Nicolas Joseph et donc la grand-mère des 4 cousins.

Les charbonniers vivaient sur le site de fabrication et il n’est pas étonnant de voir des femmes y travailler, mais le fait que le curé en ait fait mention est suffisamment rare pour en parler ici.

Jacques WATHELET (1766-1796) est son jeune frère, il est décédé à l’âge de 29 ans, alors qu’il était garçon charbonnier.

Laurent WATELET, fait très probablement partie de cette famille, mais pour le moment je ne peux le rattacher à personne, son existence est révélée parce qu’il est le parrain de Laurent NAHAN en 1783. C’est une personne qui demande plus de recherche car elle pourrait nous donner plus d’indice sur ces bûcherons.

Source: L’ère du fer au Luxembourg, Marcel BOURGUIGNON, Archives de l’État à Arlon

Généalogie : FLAMION, LALLOUETTE, GRAVET, WATHELET

Prochain article la lettre G comme G…

11 comments on “F comme Favorable à la production du fer

  1. La liste des ingrédients est prête ! Ton article est très intéressant en tout cas. Est-ce que tu as pu aller visiter le musée de la mine de fer de Neufchef à côté d’Hayange ?

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  2. Ce challenge est passionnant et instructif pour moi qui ai un ancêtre forgeron installé au Luxembourg à un moment de sa vie. Merci pour toutes ces informations 🙂

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  3. Mon ancêtre se nomme Jean-Pierre Scheffer (Johannes Peter), né à Dudelange en 1857.

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    • Oh il n’est pas dans mon arbre, aucun Scheffer d’ailleurs, ni Dudelange

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      • C’est probablement parce qu’il a épousé une Française, et a donc dû exercer son métier en France et pas au Luxembourg. C’est une branche sur laquelle il me reste beaucoup de choses à découvrir. Merci en tous cas pour les recherches de ton côté.

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